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Voyou - Itamar Orlev


“ « Bien plus tard, j'ai constaté que, toute notre vie, nous cherchons à obtenir une sorte de reconnaissance de notre père mais que, pour ce que j'en ai compris et je ne comprends sans doute pas grand chose –, nous n'y arrivons quasiment jamais. Et peu importe que le père soit un fils de pute et un minable, on s'obstine, comme quand on était petit. » Sa pipe s'est de nouveau éteinte, il l'a cognée contre une pierre pour la vider. « Mais qui sait, peut-être que toi, tu y arriveras ? » ”


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ENFIN ! Je l'attendais, je l'espérais, je le guettais : mon coup de cœur parmi les dix romans sélectionnés pour le prix du meilleur roman 2020 des éditions Points ! Mesdames et Messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter Voyou, d'Itamar Orlev, un sublime premier roman en clair-obscur qui décortique les contours de la figure paternelle pour en extraire le pire et le meilleur.


Dans les années 1980, quitté par sa femme qui emporte avec elle leur jeune fils, Tadek décide de partir de Jérusalem pour rejoindre sa Pologne natale. Vingt ans après un silence aussi lourd que le rideau de fer qui s'est abattu sur ce pays, il retrouve son père, Stefan, un vieil homme dont la violence n'a d'égale que la consommation de vodka. Vous me direz que ce point de départ n'est pas forcément très attrayant, et je vous donnerais raison car j'étais moi aussi au départ un peu rebutée. Mais ne vous arrêtez pas à cette porte d'entrée car ce livre est un véritable petit bijou. Un mélange détonant de rudesse et de tendresse, de déchirures et de retrouvailles, de colère et de pardon, de haine et d'amour.


D'un côté, la Pologne, les racines, le portrait d'un père pour qui la brutalité est un art. De l'autre, en écho, en filigrane, Israël, un exil, la silhouette d'une mère dont l'extravagance et le courage pourraient faire penser à celle que Romain Gary décrit dans La Promesse de l'aube. Et au milieu – ou au-dessus ? – une quête d'identité et l'histoire éternelle de la complexité des relations familiales.


Le choix de l'auteur d'éclairer un même fait, un même événement depuis différents spots temporels est habile et apporte une touche d'originalité dans le rythme du roman. J'ai également beaucoup apprécié le fait qu'une partie de la narration soit consacrée à un aspect de la seconde guerre mondiale peu développé : les prisonniers politiques, à travers l'évocation du camp de Majdanek. Moi qui me dis régulièrement que j'arrive à saturation des intrigues se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, je m'aperçois que cette période historique n'est pas prête de se tarir d'histoires aussi émouvantes que passionnantes.


Voyou est un premier roman diablement réussi. Une histoire sur les "beaux salauds" comme on en croise rarement.

 

Voyou, d'Itamar Orlev, aux éditions Points (528 pages, 8,40 €)

Merci aux éditions Points pour l'envoi du livre dans le cadre du prix du meilleur roman 2020 des éditions Points !

 

Mon avis sur les autres candidats au prix du meilleur roman 2020 des éditions Points :


  1. Roissy, de Tiffany Tavernier

  2. Les Enfants de cœur, de Heither O'Neill

  3. Manuel de survie à l'usage des jeunes filles, de Mick Kitson

  4. Désintégration, d'Emmanuelle Richard

  5. L’Été des charognes, de Simon Johannin

  6. Midi, de Cloé Korman

  7. Les Enténébrés, de Sarah Chiche

  8. Le Plongeur, de Stéphane Larue

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