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Paris est une fête, Ernest Hemingway


"Tu m'appartiens et tout Paris m'appartient, et j'appartiens à ce cahier et à ce crayon."

Il y a certains noms d'écrivains qui vous font sentir tout·e petit·e. Des noms dont vous avez sûrement déjà entendu parler mais dont vous n'avez peut-être jamais lus d’œuvres, des noms qui font peur de par leur côté classique mais qui donnent envie de se hisser sur la pointe des pieds pour tendre la main vers ce firmament d'étoiles de la littérature. Ernest Hemingway en fait partie.

Et là, en lisant Paris est une fête, plutôt qu'une tentative de ma part de rejoindre le septième ciel littéraire, j'ai eu l'agréable sensation que c'était l'auteur qui acceptait de redescendre humblement sur la même terre que vous et moi, en nous confiant ses souvenirs de sa vie à Paris, "la ville [...] la mieux faite pour permettre à un écrivain d'écrire".

Même si ce titre résonnait dans ma tête depuis quelques années, je dois avouer que j'ignorais tout de son contenu et de son contexte (je m'attendais à lire un roman : que nenni !), aussi je vous livre quelques informations sur l'histoire de cette oeuvre : Paris est une fête est composée de "vignettes", c'est-à-dire de fragments de récits autobiographiques rédigés entre 1957 et 1960 à partir de notes oubliées dans une malle Vuitton à l'hôtel Ritz à Paris en 1928, retrouvées par l'auteur en 1956 (soit 28 ans de conservation par le Ritz ; entre nous, vous pensez que la durée de conservation d'effets personnels par un hôtel est proportionnel à son nombre d'étoiles ? Je dis ça parce qu'imaginez qu'un super auteur oublie ses notes dans un hôtel ibis par exemple, dans combien d'années pensez-vous qu'il pourra encore récupérer ses notes ?).

Qu'on déteste ou qu'on adore Paris, on ne peut que s'emballer à l'idée de découvrir les divertissements de l'époque, parfois bien similaires aux nôtres : flâner sur les quais de la Seine, farfouiller dans les boîtes de bouquinistes, parier aux courses hippiques, discuter peinture et littérature ("Découvrir tout ce monde nouveau d'écrivains et avoir du temps pour lire , dans une ville comme Paris où l'on pouvait bien vivre et bien travailler, même si l'on était pauvre, c'était comme si l'on vous avait fait don d'un trésor."), ou encore, s'enivrer de bon vin ("En Europe, nous considérions alors le vin comme un aliment normal et sain et aussi comme une grande source de bonheur, de bien-être et de plaisir. Boire du vin n'était pas un signe de snobisme ou de raffinement, ni une religion ; c'était aussi naturel que de manger et, quant à moi, aussi nécessaire, et je n'aurais pu imaginer prendre un repas sans boire de vin.").

La lecture de ces vignettes est d'autant plus savoureuse que ce qu'il y a de plus commun pour Ernest Hemingway peut nous paraître extraordinaire, sa rencontre avec Picasso par exemple ; le pompon sur la cerise du gâteau étant la description de son amitié avec Francis Scott Fitzgerald (si vous ne devez lire qu'une seule vignette, lisez-donc celle-là).

Hemingway emploie parfois un ton assez léger qui le rend profondément humain, en tout cas plus proche de nous (jugez-en plutôt par vous-même : "Il savait que je savais qu'il était tubard, et que tout entubeur qu'il était, il crèverait de sa tubarderie" - comme quoi, la peur de se faire entuber n'est pas nouvelle). Moi qui redoutais ce classique de la littérature américaine, j'ai trouvé ce livre très accessible. Un petit pas de lectrice pour être - comme dirait un grand philosophe du nom de Gold - un peu plus près des étoiles.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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