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Mariage en douce, Ariane Chemin


"Le monde entier avait raté l'union de La Promesse de l'aube et d'A bout de souffle. Il aurait dû faire la "une" de tous les magazines, de Life à Paris Match, de Jours de France à Vogue, et même du Harper's Bazaar, mais aucun photographe n'avait saisi de cliché de la fête, aucun témoin n'avait raconté les noces de ces deux mythes. L'actrice et le romancier, un duo de légende, et pourtant aucun récit, aucune trace. Personne n'avait rien su de ce mariage en douce."


Le mariage de Romain Gary et de Jean Seberg : voilà un sujet de livre qui m'attirait. D'un côté, le grand écrivain, diplomate et aviateur français, seul romancier à avoir reçu deux fois le prix Goncourt grâce à l'utilisation d'un nom d'emprunt (Emile Ajar), dont l'oeuvre La Promesse de l'Aube, récemment adaptée au cinéma, ne m'avait pas fait grande impression lorsqu'on m'avait forcée à la lire en classe de troisième ... c'était sans compter les bons conseils de ma sœur qui m'avait recommandé un autre de ses romans, Les Racines du ciel, qui, à l'inverse, m'avait scotchée. De l'autre, Jean Seberg, actrice américaine, icône de la Nouvelle Vague, inoubliable dans le film A Bout de souffle, avec ses cheveux courts et son T-shirt "New-York Herald Tribune", et cette scène culte "Qu'est-ce que c'est "dégueulasse" ?".

J'étais bien curieuse d'en savoir davantage sur ce mariage secret célébré dans un village corse à l'automne 1963. Certes, j'en ai appris un peu plus sur ces deux personnalités ; j'ignorais par exemple qu'il y avait eu une idylle entre Clint Eastwood et Jean Seberg.

Seulement, j'ai rencontré un énorme hic dans la lecture de ce roman d'Ariane Chemin, grand reporter au journal Le Monde : le style d'écriture. Trop journalistique et trop froid pour moi. D'ailleurs, la profession de l'auteur est annoncée d'entrée de jeu, sur la première page du livre : "Ariane Chemin est grand reporter au journal Le Monde". Rien d'autre. Pas d'élément complémentaire sur sa biographie. Ce choix de présentation me laisse perplexe : est-ce une indication sur le style qui suivra dans le livre ? Est-ce un gage de la qualité de l'enquête menée ? Ou est-ce encore une reconnaissance, une caution, un "titre de noblesse" littéraire ? Je n'ai absolument rien contre cette journaliste, qui a d'ailleurs fait un remarquable travail de recherche sur ce mariage en douce, mais sa plume ne m'a absolument pas touchée et m'a donné l'impression d'avoir la tête aussi pleine qu'un pot de nutella après une soirée crêpes entre amis - c'est-à-dire très vide...

Jean Seberg & Clint Eastwood

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, je voue une passion aux carnets en tout genre. En particulier, j'en garde un dans lequel je note toutes les phrases "percutantes" glanées au gré de mes lectures. Et il y en a une qui m'est revenue en tête à la lecture de Mariage en douce : "J'ai horreur des gens qui parlent comme s'ils avaient avalé un dictionnaire" (L'Homme à l'autographe, de Zadie Smith). J'ai la même "horreur" pour les écrivains qui parsèment leurs livres de références historiques et culturelles sans aucune explication, que seule une partie des lecteurs peut saisir. Peut-être me comprendrez-vous mieux avec l'extrait qui suit :

"En 1961, trois ans après le retour du Général, et alors que la rébellion fait rage en Algérie, il est choisi pour diriger la nouvelle Sécurité militaire. La SM a pour mission d'empêcher le renseignement soviétique d'infiltrer l'armée française, mais surtout de surveiller les agissements du FLN. Sa redoutable Division des missions et recherches, notamment, doit s'opposer à tout noyautage de l'armée française par les activistes de l'OAS et identifier les militaires factieux. La SM fait liquider sans états d'âme par un truand lyonnais deux officiers du SDECE ralliés à l'Algérie française".

Bilan : sur quatre sigles, un seul est expliqué. Et impossible de compter sur une note de bas de page ou sur un lexique en fin de livre. Certes, les trois autres acronymes m'évoquent de vagues souvenirs de cours d'histoire ... mais je me suis sentie bien bête de ne pas comprendre le paragraphe cité. Quelques éléments de clarification n'auraient pas été superflus, non ?

Bref, le thème était séduisant mais la lecture quelque peu ardue. Dommage.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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