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Un Roman français - Frédéric Beigbeder


Il y a quelque temps, mon Cher et tendre, qui suit de loin mes aventures de lecture, me demandait si j'avais déjà lu un livre de Frédéric Beigbeder et ce que je pensais de cet écrivain. Je lui avais répondu que j'avais de vagues souvenirs de 99 francs, mâchonné dans mes années lycée, et que, depuis, l'aspect "people" de l'auteur m'avait fait renoncer à glisser un autre de ses livres dans ma pile à lire. Mais voilà, l'ironie de la vie fait qu'il suffit de clamer "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau" pour qu'aussitôt se présente l'occasion de désobéir à ce qu'on vient d'affirmer. Quelques jours plus tard, alors que j'avais des envies d'autobiographies, ma Super Libraire me conseillait la lecture d'Un Roman français. Comme je lui fais une confiance aveugle, j'ai décidé de redonner une chance à Frédéric Beigbeder, quand bien-même le titre et la couverture du livre ne me semblaient pas très attractifs. Et j'ai bien fait.

“ Mon enfance est à réinventer : l'enfance est un roman. ”


Le fil conducteur est simple : alors qu'il est en garde à vue pour avoir consommé de la drogue sur le capot d'une voiture, Frédéric Beigbeder s'engouffre dans ses souvenirs d'enfance qui lui reviennent au fur et à mesure que sa détention se prolonge.


“ A ce jour je n'ai pas trouvé de meilleure définition de ce qu'apporte la littérature : entendre une voix humaine. Raconter une aventure n'est pas le but, les personnages aident à écouter quelqu'un d'autre, qui est peut-être mon frère, mon prochain, mon ami, mon ancêtre, mon double.”


Je craignais une oeuvre nombriliste, hautaine, un ramassis de pitreries provocatrices... et me voilà face à une voix originale, touchante, certes sarcastique et déjantée mais qui m'a semblé profondément honnête. Comme une vieille âme qui flotterait au-dessus d'un souffle de modernité et de fraîcheur, qualités hautement appréciables dans le genre autobiographique. Le récit de la garde à vue mêlé à la pêche aux souvenirs donne un tempo accrocheur à la narration. De la séparation de ses parents aux échecs sentimentaux personnels, des embruns de la plage de Guéthary aux sinistres geôles parisiennes, la vie de Frédéric Beigbeder se fait captivante alors que sa trajectoire ressemble finalement à tant d'autres. L'auteur jongle avec son image publique et une introspection très intime, exercice qui donne lieu à des réflexions très intéressantes sur le pouvoir de la lecture et de la littérature. Et des médias, et de la justice, et du milieu social et de l'époque dans lesquels on naît.


“ Depuis je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l'écriture comme un moyen de le retenir. ”


Malgré la multitude de références culturelles que je n'ai pas forcément saisies, j'ai été embarquée dans ce voyage intérieur grâce au style direct et rocambolesque de Frédéric Beigbeder. Un Roman français fait partie de ces lectures où je me sens autorisée à être parfois en profond désaccord avec les positions de l'auteur sans que cela vienne heurter mon plaisir de lire. Je me suis retrouvée dans la soif de liberté qui se dégage des pages de cette autobiographie (qui, pour information, a reçu le prix Renaudot en 2009).


Et vous, que vous inspirent la plume et le personnage de Frédéric Beigbeder ? Attiré·e ou rebuté·e ?

 

Un Roman français, de Frédéric Beigbeder, collection Le livre de poche (256 pages, 7,40 €)

Merci à Clémence de la librairie Le Grenier d'Abondance pour ce bon conseil !

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