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Le Ciel par-dessus le toit - Nathacha Appanah


“ Il ne faut rien regretter parce qu'il faut bien que ça se termine, ce faux-semblant qu'est l'enfance, il faut bien que les masques soient retirés, les imposteurs démasqués, les abcès crevés, il faut bien que cesse toute velléité du mieux, du magnifique, du meilleur, il faut bien en finir avec les belles paroles, les bons sentiments, les rêves doucereux, il faut bien, un jour, arracher à coup de dents sa place au monde. ”

“ Parfois, on aimerait savoir, n'est-ce pas, la nature exacte des paroles : leurs poids sur les âmes, leur action insidieuse sur les pensées, leur durée de vie, si elles sucrent ou rendent amers les cœurs. Iront-elles se loger quelque part dans le cerveau et un jour, on ne sait ni pourquoi ni comment, réapparaître ? Auront-elles un effet immédiat et déclencher colère, tristesse, stupeur ? Seront-elles incomprises, confuses ? ”


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Comment vous décrire avec justesse ce magnifique roman qu'est Le Ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah ? Ce livre est tapissé de mots qui font un nid doux dans le cœur et qui pourtant picotent. Un peu comme une écharpe qui serait en cachemire d'un côté, en toile de jute de l'autre. Comme un œuf bien rond dont la coquille commencerait à craqueler.


C'est un mélange de fragilité et de force, à l'image du prénom de ce garçon, Loup, qui décide un soir de prendre le volant sans permis et de rouler pendant sept heures pour aller voir sa sœur... mais qui finira en prison. C'est aussi l'histoire de sa mère, Phénix pour les uns, Eliette pour les autres. Un peu de passé et beaucoup de présent réunis. Un peu de pudeur de et beaucoup d'amour tissés ensemble.


Chaque famille est un puzzle, un bric-à-brac de générations, un ensemble de morceaux de vie parfois bizarrement emboîtés. Nathacha Appanah sait raconter les interstices pour esquisser les reliefs de chaque vie. En quelques caractéristiques, elle construit des personnages forts, atypiques et attachants. Le ciel par-dessus le toit est un mystérieux miroir sur ce qu'on projette de soi, de ses envies, de ses rêves sur ceux et celles qu'on aime. Une histoire d'âmes qui n'arrivent pas à s'aimer ou qui ne s'aiment pas de la bonne façon. Mais qui s'aiment malgré tout. Un roman puissant, fugace, qui s'imprime dans le cœur comme un coucher de soleil dans un doux ciel hivernal.

 

Le Ciel par-dessus le toit, de Nathacha Appanah, aux éditions Gallimard (128 pages, 14 €)

Merci à Clémence de la librairie Le Grenier d'abondance pour ce bon conseil !

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