Nom d'un alligator empathique ! Retrouver la plume de Lauren Groff, quel bonheur ! Si ce nom vous dit peut-être quelque chose, c'est que cette autrice n'est pas passée inaperçue grâce un coup de projecteur by Mister Barack Obama himself : son livre Les Furies était le roman préféré 2020 de l'ancien président. Un argument de taille pour que je me rue dessus, et cette lecture avait été une sacrée découverte.
Aussi, quand je suis tombée sur Floride, je n'ai pas hésité à le glisser dans ma pile à lire. Tant pis si je peine à faire diminuer celle-ci… y'a pas que les gens que les confinements et le couvre-feu font grossir ! Faut dire que cette obligation de rejoindre ses pénates avant 18H pousse à trouver des escapades virtuelles bien loin de chez soi : avec Floride, le pari est réussi. Ce recueil de nouvelles vous emmènera dans cet Etat baigné de soleil au sud des Etats-Unis. Au programme : chaleur et luminosité, mais aussi humidité et tempête. Un clair-obscur à l'image des femmes qui peuplent ce livre, des personnages incroyablement attachants au point qu'on oublie qu'on ne les accompagne que le temps d'une nouvelle : une femme qui retrouve les fantômes des hommes de sa vie alors qu'un cyclone cogne à sa porte, une mère de famille prise d'une étrange passion pour Guy de Maupassant, une autre qui se réfugie dans les œuvres du naturaliste William Bartram le soir d'Halloween… et les hommes, tantôt désirs, tantôt dangers.
C'est ce jeu avec le sentiment de menace qu'explore brillamment Lauren Groff, à l'image de faune et de la flore floridiennes, à la fois incroyables et inquiétantes : mocassins d'eau, lézards, buses à queues rousses, palmiers, bananiers, lilas des Indes, camphriers… La nature est un refuge et un risque, finalement comme notre monde : "Un éden pour créatures dangereuses". Si vous avez envie de petits shots d'évasion et de culture américaines (c'est l'avantage des nouvelles : ça peut se consommer en plusieurs coups), rendez-vous dans les 300 pages de Floride splendidement écrites par Lauren Groff !