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Aya - Marie-Virginie Dru


Dans la communauté des blogueurs littéraires et des bookstagrameurs, il y a un débat qui revient souvent : faut-il publier des chroniques négatives ? Personnellement, j'ai fait le choix de tout partager, que mes avis soient positifs, négatifs, ou mitigés. Ce n'est pas évident, d'autant plus que le livre dont il est question dans cet article m'a très gentiment été envoyé par l'équipe de Babelio, que je remercie au passage.

Vous l'aurez compris, le roman Aya de Marie-Virginie Dru n'a pas su percer mon cœur de lectrice. Cette histoire d'une petite fille sénégalaise violée par son oncle pendant que l'on suit le parcours de son frère migrant ne m'a pas touchée, même si le caractère violent et répété des scènes d'agressions sexuelles intrafamiliales ne peut que choquer. J'ai eu la désagréable sensation que l'autrice n'arrivait pas à se glisser entièrement dans la peau de ses personnages, comme si elle se projetait sur eux plutôt que de leur conférer une entité propre et authentique. On sent pourtant de la part de Marie-Virginie Dru un amour profond pour le Sénégal et une volonté de sensibiliser le lectorat sur des problématiques actuelles sur lesquelles nous fermons trop souvent les yeux.

Hélas, je n'ai pas cru à ces trames narratives, trop entortillées à mon goût avec des clichés qui auraient mérité un tissage plus adroit. D'un côté, une petite fille enceinte recueillie par une association humanitaire ; de l'autre, un adolescent en pleine désillusion, perdu dans les méandres de la vie parisienne, à mille lieues de son île de Karabane. Un lien entre ces deux histoires assez bancal et frôlant encore une fois la caricature : Camille, une artiste blanche qui expose ses photographies prises sur l'île des deux enfants à Paris. Et c'est peut-être là ce qui m'a le plus gênée : le numéro d'équilibriste de Marie-Virginie Dru avec le complexe du sauveur blanc. D'ailleurs, ces phrases de la quatrième de couverture de me détrompent pas : "Aya, c'est toute la ferveur et la fragilité de l'Afrique, dans une magnifique histoire de résilience que la plume sensuelle, poétique et mélodieuse de Marie-Virginie Dru fait vibrer tel un chant initiatique.". L'Afrique, une généralité. Je serais bien curieuse de trouver un jour une phrase similaire sur l'Europe dans une quatrième de couverture. On pourrait m'opposer ma mauvaise foi car il s'agit des mots de l'éditeur, sauf que des paroles similaires sont placées dans la bouche du personnage de Camille ("dès que cette petite fille s'est approchée, mon cœur a flanché. Il y a en elle toute la force et la fragilité de son pays. J'ai l'impression de la connaître depuis toujours.") et de la responsable de l'association humanitaire ("En cherchant comment les aider au mieux, je me suis sauvée moi-même d'une vie facile qui n'était pas pour moi."). Dès lors, qui sont les héros de cette histoire ?

Pour finir sur une note positive, le style fluide et le choix des ellipses temporelles doivent être salués. Gageons que Marie-Virginie Dru saura utiliser ces atouts pour un prochain roman qui saura, lui, faire battre mon cœur.

Aya, de Marie-Virginie Dru, aux éditions Albin Michel (224 pages, 18 €)

Merci à l'équipe de Babelio pour l'envoi de ce roman

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