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Le Bruissement des feuilles - Karen Viggers


“Elle adorait écouter le bruissement des feuilles, le grincement du bois, le murmure du vent dans la canopée, le craquement des brindilles sous ses pieds, l'odeur mentholée des buissons. Dans le bush, elle avait l'impression d'être plus vivante, plus réelle. La semaine s'effaçait et les règles sévères de son père disparaissaient. Elle était quelqu'un. Elle-même. Une jeune femme pleine d'espoir en l'avenir."

Nom d'une feuille de vigne mal positionnée ! Je sais pas vous, mais moi, ce petit printemps qui peine à s'installer, ça me donne des envies de balades en forêt. Alors quand on m'a proposé de partir en Tasmanie à travers les pages du nouveau roman de l'australienne Karen Viggers, Le Bruissement des feuilles, je n'ai pas pu résister.

En préambule, voici un petit point géographique car je vous confesse qu'avant d'entamer cette lecture, je ne savais pas bien localiser cet état australien qu'est la Tasmanie, alors autant vous faire profiter de mes recherches (merci Tonton Wikipédia) :

Avant cette lecture, la Tasmanie m'évoquait ça (ne riez pas, on va tout de suite voir si on est de la même génération) :

Taz, le diable de Tasmanie, un personnage récurrent dans les dessins animés des Looney Tunes, connu pour ses bafouillis quasiment inimitables et ses déplacements en mode "toupie de l'enfer". Grâce à Karen Viggers, qui est par ailleurs vétérinaire, j'ai découvert que le diable de Tasmanie était en réalité un animal beaucoup plus mignon que cet affreux jojo de Taz, et même une espèce protégée que s'efforce de défendre le personnage de Miki, 17 ans, enfermée par son frère Kurt dans leur restaurant, quelques années après le décès de leurs parents dans un incendie. Son échappatoire ? Une sortie hebdomadaire dans la forêt, toujours sous la garde de Kurt cependant, qui semble bien lui cacher des choses. Dans cette même région, Léon, jeune garde-forestier, tente de démarrer une nouvelle vie, à contrecourant des hommes de sa famille et de la communauté dans laquelle il s'installe, bûcherons de père en fils.

Après une mise en place un peu longuette, me voilà donc transportée dans des vies à plus de 17 000 kilomètres de la mienne. 17 000 kilomètres, et pourtant, de nombreux sujets qui ne me sont pas inconnus, à commencer par la surexploitation des forêts et la phallocratie. Vous l'aurez compris, Le Bruissement des feuilles susurre l'histoire éternelle de l'inextinguible soif de pouvoir de l'h(H?)omme. Et puis, à côté de cette thématique universelle, des découvertes locales : l'habitude de glisser une tranche d'ananas dans les burgers, la vegemite – qui est à l'Australie ce que la marmite est à la Grande-Bretagne –, et surtout le footy, variante australienne du football.

Le point fort de ce roman ? Sa toile de fond, tissée d'une faune et d'une flore extraordinaires. Eucalyptus, wallabies, acacias, perruches, fougères et bien sûr diables de Tasmanie : dépaysement garanti ! Malheureusement, cela n'a pas suffi à me faire tomber sous le charme de la plume de Karen Viggers. Si quelques passages bénéficient d'un rythme maîtrisé, le style assez passe-partout – sans être désagréable – ne pétrit pas suffisamment une matière première qui était pourtant très prometteuse. Le manichéisme des personnages et les leçons morales un peu faciles ne font pas raisonner le message fort que souhaite faire transmettre l'autrice (me semble-t-il) : l'importance capitale du respect de la nature et des femmes. J'ai même été gênée par l'immobilisme ou les temps de réaction très longs des protagonistes face à des violences physiques ou psychologiques avérées.

Une ode à la liberté en demi-teinte, donc. La rencontre avec Karen Viggers ne s'est pas faite... une prochaine fois peut-être ?

Le Bruissement des feuilles, de Karen Viggers aux éditions Les Escales (432 pages, 21,50 €)

Merci à l'agence Anne et Arnaud pour l'envoi du livre !

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