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Le début du voyage


Dans cinq mois, je m'envolerai vers la Nouvelle-Orléans. Pour m'empiffrer de musique, me gaver d'histoire et de culture, me régaler de nouvelles atmosphères, me nourrir de mille rencontres et émotions (et accessoirement, de beignets et de gombo). Mais mon voyage ne débutera pas dans cinq mois. Il commence maintenant.

J'ai soif de lire, d'écouter, de regarder tout ce qui peut toucher à cette ville qui me fascine et qui m'attire. Lorsque vous savez que vous partez quelque part, avez-vous comme moi un radar qui s'active automatiquement ? La moindre référence à la Nouvelle-Orléans m'émoustille. Il me tarde de profiter des dix jours que je passerai là-bas. Pour autant, l'attente n'est pas désagréable, bien au contraire. Comme l'aurait dit Robert Louis Stevenson, “l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage”.

Alors je lance un appel et compte sur tous vos conseils en matière de livres, de films ou de séries qui ont pour cadre la Louisiane !

J'ai même envie de me fixer un défi, une sorte de safari "photographique et littéraire" : lorsque je croise au sein de mes lectures des passages qui pourraient être illustrés par une photographie prise sur place, je les note. A moi la chasse aux photos correspondantes lors de mes baguenaudages à la Nouvelle-Orléans !

Vous trouverez ci-dessous les extraits que j'ai commencé à recenser, je compléterai cette liste au fur-et-à-mesure de mes lectures :

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Landfall, d'Ellen Urbani, aux éditions Gallmeister :

“Parfois, des années entières s'écoulaient entre deux épisodes. Des années entières de normalité. Les jours se transformaient en semaines puis en mois de petits déjeuners pris ensemble sur les chaises en vinyle rouge, Cilla sur celle qui était déchirée afin que les cuisses de Rosy ne soient pas éraflées lorsqu'elle poserait ses orteils sur les genoux de sa mère sous la table en Formica. Des mois jalonnés par les fêtes — festivals de jazz ou bals fais dodo ou bals de krewe lors du Carnaval — dans lesquelles elles se glissaient si possible et, si ça ne l'était pas, qu'elles écoutaient depuis le trottoir, sandwichs dans une main, doublons dans l'autre, tandis que la foule les dépassait en chahutant”

“La superstition, une spécialité de la Louisiane au même titre que les alligators et le Tabasco, veut que l'esprit des morts venge toute profanation. de leur cadavre, ce qui pose la question de la rancœur engendrée en 1957, quand cinquante-cinq familles blanches remirent leurs bien-aimés en terre dans le mausolée Hope après que le très révérend Girault M. Jones, évêque de la Louisiane, eut sécularisé le cimetière de Girod Street, condamnant tous les os afro-américains jusqu'au dernier à l'anonymat d'une fosse commune dans Providence Memorial Park. De ce pogrom naquit le Superdome. Cinq hectares de charpente en acier haute de quatre-vingt-trois mètres surplombant une terre impie, témoignage saisissant de la tendance nationale à acclamer les noirs jusqu'à la zone de but, pour les abandonner complètement six points plus tard.”

“Il lui dit tout ce qu'il savait, lui présenta les événements dans l'ordre chronologique tandis qu'ils déambulaient côte à côte dans la rue en direction du magasin de donuts Krispy Kreme, où le néon PRÊT A CONSOMMER rougissait toutes les demi-heures, dès que les beignets glacés étaient éjectés, tout moelleux et fumants, du tapis roulant.”

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Des Jours sans fin, de Sebastian Barry, aux éditions Folio :

“C'est un plaisir de faire un bout de trajet sur le fleuve. Ce bon vieux Mississippi. La plupart du temps, c'est une bonne fille raisonnable à la peau douce et lisse. Si vieille et pourtant dotée d'une jeunesse éternelle. Le fleuve prend jamais de rides, et si c'est le cas, ça dure que le temps d'un orage.”

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Ouragan, de Laurent Gaudé, aux éditions Actes Sud :

“Le ciel est sombre. De gros nuages se mangent les uns les autres, plongeant le paysage dans une grisaille sans ombre. Il roule. De part et d'autre de la route, les bayous s'étalent, dans un entremêlement de jacinthes d'eau, de racines pourries et de nénuphars géants. La surface des eaux est calme. Les moustiques tournent dans l'air par nuages entiers. Il sent étrange tout à coup, comme si quelque chose le traversait. Il s'arrête et coupe le moteur. L'air est épais à respirer. C'est la première fois depuis son départ qu'il s'arrête. Il fait quelques pas sur la route. Les bayous l'entourent, les nuages pèsent bas dans le ciel et il se sent bien.”

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Nos Disparus, de Tim Gautreaux, aux éditions Points :

“Moins d'une heure plus tard, la piste se mit à longer le fleuve, large de plus de quinze cents mètres, et il comprit qu'il s'approchait du terme de son périple quand le sabot de son mulet heurta violemment le bord d'un fondoir à sucre renversé, une sorte d'immense bassine en fonte qui avait la forme de son ancien casque de soldat.”

“Quand on arrivera à La Nouvelle-Orléans, ta maman t'expliquera tout ce que tu voudras. On ira au Café du Monde, et on mangera de délicieux beignets carrés couverts de sucre en poudre. Tu vas adorer.”

“L'instit me tapait dessus avec une baguette en bois quand je parlais français. Même pour un seul mot. J'ai vite compris le truc quand je l'ai vu fouetter les Abadie. Il cognait sur ces mômes comme si leur français était un incendie qu'il fallait éteindre. Et ils ne parlaient pas assez d'anglais pour comprendre pourquoi il était furieux et ce qu'il leur criait. Je me demandais bien l'intérêt de tout ça. Dans une langue ou dans l'autre, "je pense" veut toujours dire "je pense".”

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