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Mon Petit Coeur de Pierre - Lucile Caron-Boyer


"Une cour d'école, c'est la jungle. Soit t'es en haut dans la chaîne alimentaire et tu n'as rien à craindre, soit t'as intérêt à te trouver un groupe pour surveiller tes arrières. En haut de la chaîne, on retrouve toujours les mêmes, ces garçons et ces filles qui semblent tellement persuadés que le monde tourne autour d'eux qu'ils finissent par convaincre les autres que c'est vraiment le cas. Ce sont eux qui donnent le la, la tendance. Au milieu, il y a le gros du troupeau, ceux qui ne se distinguent pas et qui suivent le courant. Tout en bas, il y a les autres. Ceux qui ne sont pas tout à fait comme tout le monde. Il suffit de pas faire grand-chose pour rentrer dans cette catégorie, une paire de lunettes aux verres un peu épais, quelques kilos en trop, de trop bonnes ou de trop mauvaises notes, une couleur de cheveux inhabituelle, un père mort ..."

Envie d'un doux retour en adolescence ? J'avoue que c'est souvent moins tentant que de retomber en enfance, mais quand c'est fait avec le talent de Lucile Caron-Boyer, il ne faut pas s'en priver !

Venez rencontrer Marion, attachante collégienne qui vous livrera ses pensées qui fendent peu à peu son petit cœur de pierre... Car le jour de sa rentrée en classe de troisième, quelle n'est pas sa surprise de tomber nez à nez avec un sosie de son père — pourtant décédé selon sa mère — qui n'est autre que son prof de SVT ! Pour mener l'enquête sur cette mystérieuse ressemblance, elle peut heureusement compter sur son meilleur ami Tom qui doit de son côté supporter jour après jour les moqueries de ses camarades sur l'une de ses caractéristiques physiques ...

"Les adultes croient toujours que, pour les enfants, c'est super facile de se faire des amis, c'est à se demander s'ils sont tous amnésiques."

L'histoire est tendre, touchante, et surtout ponctuée de touches d'humour qui m'ont fait sourire à plusieurs reprises. Pour mon plus grand plaisir, j'ai eu la sensation de retrouver le bagou de Georgia Nicolson, adolescente britannique née de la plume de Louise Rennison dont je dévorais les aventures quand j'étais moi-même collégienne (faites moi signe si vous étiez aussi des mordu·e·s de Mon nez, mon chat, l'amour et ... moi !). Ah, la bouffe dégueu de la cantine ! Ah, les journées de cours qui commencent par deux heures de sport, les profs soporifiques, les p*tasses populaires (surnommées avec bon goût "les sardines" dans ce roman !), les cours de début d'après-midi où la classe ressemble "à une salle de de réveil post-opératoire" !... Cela vous rappelle des souvenirs ?

Ajoutez à cela un brin de poésie — Marion se dit collectionneuse de mots — et il était évident que Mon Petit Cœur de pierre allait transformer mon cœur à moi en petit cœur de beurre. L'amour de la langue se ressent sans que cela n'alourdisse le récit ou ne trahisse le profil de collégienne de la narratrice. La fluidité du style combinée à un vocabulaire ni trop pauvre (ce que je regrette bien souvent dans les romans pour ado) ni trop riche rend la lecture de ce livre très agréable. Le choix de chapitres courts et de pages aérées devrait également être apprécié par les jeunes lecteurs·rices.

"Grandir n'est pas forcément vieillir. En tout cas, pas pour tout le monde."

Finalement, en quelques heures de lecture (qui passent à une vitesse folle), on se retrouve plongé dans une marmite de tout ce qui peut faire palpiter un petit cœur de moins de dix-huit ans : les longues discussions entre amis, les amours, les ragots, les fêtes, les relations tumultueuses avec les parents ... sans oublier la découverte de la fameuse friendzone ! J'ai aussi été sensible à l'insertion à juste dose de la thématique du harcèlement scolaire.

Seul petit regret : la pirouette finale, peut-être un poil trop rapide et facile ... mais qui tient parfaitement la route dans un ensemble cohérent, plaisant et rafraîchissant ! Alors, prêt·e à reprendre le chemin du collège ?

Mon Petit Cœur de Pierre, de Lucile Caron-Boyer (que je remercie chaleureusement pour sa confiance et pour l'envoi de ce roman !), aux éditions Hachette

15,90 € (10,99 € en format numérique)


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