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Les Délices de Tokyo - Durian Sukegawa


"Bien qu'incapable d'expliquer clairement pourquoi, il sentait que le témoignage de ceux qui avaient subi une existence de souffrances l'avait enrichi. Mais ce témoignage avait aussi planté en lui le germe d'un vertige continu, qu'il garde les yeux ouverts ou fermés."

Nom d'un haricot magique ! Vous avez réussi, vous, à ne pas entendre parler des Délices de Tokyo ? Perso, j'ai l'impression de voir ce petit roman partout. Comme pour moult livres sous les feux de la rampe, j'ai fait de la résistance. Et puis, deux circonstances m'ont poussé à l'inscrire à mon menu de lectures du mois de février : d'une part, il a été présenté lors de la session du club lecture Livres et chansons sur le thème de la nourriture ; d'autre part, comme il a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, il entre parfaitement dans le thème de la prochaine réunion de ce club qui se concentrera sur les livres adaptés au cinéma.

Je précise d'entrée de jeu : au moment où j'écris cet article, je n'ai pas vu le film — d'ailleurs, je ne suis pas certaine d'avoir très envie de le voir — mais bon, on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher (saisissez-vous cette référence à une réplique d'un film culte ?). Je reste bien curieuse de connaître l'avis des lecteurs·rices qui lisent ces quelques lignes et qui l'ont zieuté, d'autant plus que ce film avait été sélectionné à Cannes dans la section "Un certain regard". Alors n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire.

Revenons à nos petits moutons laineux : Les Délices de Tokyo, de quoi ça cause ? Tout simplement, d'un jeune homme japonais un peu paumé nommé Sentarô qui se retrouve coincé dans une échoppe de dorayaki à fabriquer ces pâtisseries japonaises. Pour les non-initiés qui n'ont aucune idée de ce à quoi ressemble ce "délice", figurez-vous de la pâte de haricot rouge sucrée (appelée anko) coincée entre deux pancakes. Un jour, une vieille dame nommée Tokue se propose d'aider Sentarô à fabriquer cet anko. La clientèle se met alors à affluer mais nos deux pâtissiers se retrouvent contrariés par le secret presque inavouable de Tokue ...

"Le Japon de l'époque et le Japon d'aujourd'hui, ce sont deux pays différents."

Rien de neuf sous le soleil de Tokyo, le romancier Durian Sukegawa joue avec les astuces littéraires classiques de toute histoire qui gravite autour d'un secret : suspense sur sa nature, palette d'émotions lors de sa révélation, flashbacks éclairants. Alors certes, le récit met en avant une problématique historique et taboue du Japon (qui n'existe pas que dans ce pays, d'ailleurs). Impossible de vous la révéler, ce serait la divulgâcher. Cependant, j'ai trouvé la leçon sur la déconstruction des préjugés un peu banale et attendue. Les effluves poétiques rattrapent heureusement les personnages voulus denses mais aux contours finalement assez lisses.

Les Délices de Tokyo constituent une jolie petite histoire qui emprunte des chemins faciles pour arriver à une douce fin. Comme la fameuse pâte de haricot coincée entre deux pancakes, ce roman est agréable à déguster entre deux lectures plus épaisses ou graves. Une belle collation, mais pas un livre trois étoiles.

"Alors n'ayons pas peur d'avancer, Sentarô. Dans la vie aussi, il y a des changements de saison."

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