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Il est grand temps de rallumer les étoiles - Virginie Grimaldi


"Tout finit par passer, ma Nana. Les colères, les déceptions, les tracas, les joies, la fatigue. Tout ce qui reste jusqu'au dernier moment, qu'elles soient encore de ce monde ou non, ce sont les personnes que l'on aime."

Nom d'une étoile fuyante, pourquoi ai-je mis autant de temps à passer au-dessus du préjugé que j'avais envers les livres de Virginie Grimaldi ? Les couvertures un peu sucrées agissent en effet souvent comme des répulsifs sur mes choix de lecture... Mais voilà, parlez-moi de camping-car ou de van similaire, et mon tiroir à souvenirs se déverse automatiquement : bonjour le vieux bus d'Into the wild et les grands espaces américains, hello le van de la famille loufoque de Little Miss Sunshine, et coucou mes propres souvenirs de virées familiales dans les contrées françaises en camping-car. Aussi n'ai-je pu résister longtemps au synopsis d'Il est grand temps de rallumer les étoiles : un road trip en Scandinavie par une mère et ses deux filles, par un moyen de transport que vous aurez deviné : le CAMPING-CAR !

Dans la famille en galère à la recherche de l'étincelle qui saura raviver un amour inconditionnel, je voudrais tout d'abord la mère, Anna, 37 ans, qui croule sous les dettes et qui tient à distance le père de ses enfants pour une mystérieuse raison. Ensuite, je voudrais son aînée, Chloé, 17 ans, engluée dans des amours adolescentes vénéneuses. Enfin, la petite Lily, 12 ans, est également attendue pour un périple à la conquête des aurores boréales.

Récit à trois voix, ce roman se décompose en carnets de bords croisés : les pensées d'Anna, le blog de Chloé, et le journal intime de Lily. Mon scepticisme quant à la crédibilité du format choisi pour relater les propos de Chloé (difficile de croire à la tenue d'un blog sans réseau et contenant autant de détails intimes) a bien vite été englouti par la candeur, la perspicacité et l'humour de Lily, qui passe à la moulinette toutes les expressions françaises pour en faire des compositions personnelles dignes de la chair d'ampoule de Gad Elmaleh. La construction de la narration rend les personnages attachants (à chacun·e son préféré !) et sinue entre tous les sentiments contradictoires qui peuvent imprégner les relations sororales (quand j'y pense, un qualificatif à la croisée de la sonorité des mots "aurores" et "boréales" !) et le lien mère-fille. Assommée d'un petit coup de cafard digne des fins des jolies colonies de vacances une fois la dernière page tournée, je ne peux que conseiller ce tendre roman à toutes les personnes en recherche de "lecture doudou" !

"Il faut être attentif, mais ne pas laisser croire à notre enfant qu'il est le centre du monde ; il faut lui faire plaisir sans qu'il devienne blasé ; il faut équilibrer son alimentation sans le priver ; il faut lui donner confiance, mais qu'il reste humble ; il faut lui apprendre à être gentil, mais à ne pas se laisse faire ; il faut lui expliquer les choses, mais ne pas se justifier ; il faut qu'il se dépense et qu'il se repose ; il faut qu'il apprenne à aimer les animaux, mais à s'en méfier ; il faut jouer avec lui et le laisser s'ennuyer ; il faut lui apprendre l'autonomie tout en étant présent ; il faut être tolérant mais pas laxiste ; il faut être ferme mais pas rude ; il faut lui demander son avis, mais pas le laisser décider de tout ; il faut lui dire la vérité sans atteindre son innocence ; il faut l'aimer sans l'étouffer ; il faut le protéger, mais pas l'enfermer ; il faut lui tenir la main tout en le laissant s'éloigner."

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