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Ueno Park - Antoine Dole


"Est-ce que tu l'entends, Tokyo, ta jeunesse qui gronde et qui n'a plus peur de toi ?"

Nom d'un sushi sur roulettes, je ne sais pas si c'est la période de rentrée scolaire qui veut cela, mais en ce moment, mes pas me conduisent beaucoup vers des livres autour de l'adolescence. Le dernier en date ? Ueno Park, d'Antoine Dole, débusqué dans la tanière du Renard Doré. Ce court roman s'apparente davantage à une succession de nouvelles, qui se déroulent toutes dans ce parc public de Tokyo lors des célébrations de Hanami, cette tradition japonaise consistant à se rassembler pour observer les cerisiers en fleur... arbres majestueux sur les branches desquels souffle un vent de révolte intérieure et de désir d'émancipation, propre à cet âge de la vie qui est aussi fragile que des bourgeons sur le point d'éclore.

"Chez moi, on garde nos cris et nos secrets au fond de soi."

Et si je m'improvise poète le temps d'une chronique, c'est que de la délicatesse, Antoine Dole en a semé plein les pages au cours desquelles il se glisse dans la peau de huit jeunes japonais - un par chapitre - aux destins bien différents et qui bouillonnent pourtant d'une même fureur de vivre. Recherche de la perfection, questionnement de l'obéissance, soif d'intégration, quête de singularité, apprivoisement du corps, de l'autre, c'est un tourbillon de sentiments qui galopent sous la plume de l'auteur pour animer ces huit âmes tokyoïtes coincées entre tradition et modernité.

"Tout est toujours bien expliqué, où que l'on aille. Le quotidien tokyoïte n'est qu'un coloriage impossible à rater, pas de débordement possible. Suivre les traits. Longer les courbes."

Protagonistes vaillants, j'ai toutefois regretté qu'ils soient tous empreints d'une sorte de mélancolie douce-amère, peut-être propre à l'adolescence (ou à la jeunesse japonaise ?). Je suis ressortie de cette lecture pourtant pleine d'espoir avec une graine de cafard plantée au fond du cœur, qui m'a enfoncée dans les tristes aspects de cette période de la vie parfois difficile à traverser. Même s'il a pris soin d'éclairer ses personnages d'une lumière placée tout au bout d'un long tunnel, Antoine Dole a cabossé mon cœur de lectrice dans des montagnes russes souterraines, avec leurs hauts et leurs bas. Un voyage enrichissant, qui m'a fait découvrir par ailleurs des détails de la culture japonaise, mais dont j'ai regretté le manque de luminosité et de pluralité de tonalités pour que je puisse pleinement l'apprécier.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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