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Les Grandes Marées - Jim Lynch


"Les adultes sont toujours plus fascinés par ce que vous pouvez devenir que par ce que vous êtes"

Nom d'un petit pétoncle farceur, que cela fait du bien de tomber sur un livre qui parle de l'adolescence avec poésie sans occulter ni caricaturer la puberté qui accompagne cette période de la vie ! Découverte de la sexualité, nage en eaux troubles entre l'enfance et le monde des adultes, lâcheté du corps et du cœur, aucun écueil de cet âge ingrat ne semble épargner le paisible Miles O'Maley, qui, à l'âge de treize ans, préfère explorer la baie à côté de chez lui et étoffer ses connaissances sur la reproduction des palourdes plutôt que de se confronter à son fantasme : Angie, son ancienne babysitter, la fille du juge Stegner, son voisin qui l'a chargé de veiller sur son parc à huîtres.

"Je pouvais parler des phylums, des hydroïdes, des mollusques et des crustacés aussi facilement que la plupart des jeunes discutent des groupes de rock ou des films. Sauf que personne de mon âge n'avait envie de m'écouter. Mes parents y compris. Alors, ça bouillonnait en moi tel un langage secret, et quand ça sortait, les gens me regardaient en écarquillant les yeux. Comme si je m'exprimais en portugais tout à coup".

Passionné de biologie marine, Miles découvre un matin un calamar géant échoué qui le propulse au rang de célébrité locale. Débute alors un été qui pourrait bien tout changer, n'en déplaise à notre jeune héros qui, ballotté entre son esprit scientifique et sa libido naissante, doit également faire face au divorce de ses parents.

"Les abalones fabriquent des coquilles plus dures que la céramique. Une pieuvre peut se glisser dans un trou dix fois plus étroit qu'elle. Les poissons de l'Arctique se solidifient sous l'effet du froid et reviennent à la vie quand ils dégèlent, car leurs organes sont protégés. Mais ce qui me fascine le plus, ce sont les petites choses, la façon dont la vie se propage comme de la poussière dans le Puget Sound au printemps. L'équivalent d'une tasse d'eau peut contenir des milliers de plantes et d'animaux vivants, parmi lesquels des bébés bernacles et des huîtres de la taille d'un grain de sel. Ils savent déjà qu'ils doivent se plaquer au sol à marée descendante pour ne pas être entraînés loin de leurs parents."

Par le biais du monde marin aussi fascinant et mystérieux que l'adolescence, Jim Lynch nous offre une parodie du monde des adultes (certains personnages ne sont pas sans rappeler les truculents protagonistes des films de Wes Anderson) en laissant le champ libre au lecteur pour rêver et cogiter à propos des symboliques qu'il enfouit dans une tonalité originale, à la fois grave et légère.

"Je pense que c'est plus facile d'ouvrir les yeux quand on est enfant. On n'est jamais pressé d'aller quelque part, et on n'a pas ces longues listes de choses à faire."

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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