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Soie - Alessandro Baricco


"— Il n'y a pas le choix. Si nous voulons survivre, il faut aller là-bas.

Silence.

Verdun, accoudé à son comptoir, leva les yeux vers les deux autres.

Baldabiou tenta de trouver encore une gorgée d'anisette, dans le fond de son verre.

Hervé Joncour posa sa cigarette sur le bord de la table avant de dire

—Et il est où exactement, ce Japon ?

Baldabiou leva sa canne de jonc en l'air et la pointa par-delà les toits de Saint-Auguste

—Par là, toujours tout droit.

Dit-il.

—Jusqu'à la fin du monde."

C'est une drôle de fable, un conte qui se serait échappé des mille et une nuits, à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident, à mi-chemin entre l'intemporel et la deuxième moitié du XIXe siècle dans laquelle est ancrée l'histoire de Soie. Vers 1860, à la suite d'une épidémie de vers à soie, ressource indispensable à l'économie de son village de sériciculteurs (un mot magnifique découvert dans ce roman pour désigner les éleveurs de vers à soie) du midi, Hervé Joncour entreprend une série de voyages au Japon pour acheter des œufs sains.

Comme de la soie qui effleurerait la peau, l'auteur voile et dévoile à travers un court récit des thèmes éternels : l'amour, la guerre, l'amitié. Quelques dialogues mordants, des personnages qu'il faut deviner à la manière d'ombres chinoises, des rencontres inattendues qui font aussi la richesse de la fameuse route de la soie : voilà quelques uns des fils que s'amuse à tisser Alessandro Baricco.

Ma lecture a cependant été rongée par un questionnement lancinant : où l'auteur veut-il m'emmener ? Vers une réflexion sur le temps qui passe ? Sur le jeu de l'amour et du hasard ? Sur le sens de la vie ? Ou souhaite-t-il simplement me faire savourer ses talents de conteur ?

On prend parfois plaisir à se faire balader par une plume, qui peut en outre ne pas avoir de but précis, mais j'ai été déconcertée par le fait de ne pas réussir à saisir l'intention de l'auteur. Sans doute une dimension de ce roman m'a-t-elle échappé, ou peut-être ai-je tenté de décrypter une morale dont l'auteur n'a en réalité pas paré son intrigue. Bref, il m'a manqué un fil d'Ariane pour savourer pleinement Soie et être enveloppée par sa poésie ...

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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