Lire L'Oiseau bleu, c'est devenir un funambule qui avance sur le fil de la vie, oscillant entre passé et présent, entre ce monde et un au-delà onirique, représenté par un merveilleux jardin dans lequel la famille Higashimoto a connu le bonheur avant qu'un accident de la route ne vienne fracasser leur trio : Naoki se retrouve seule face au coma végétatif de son mari, Yuki, et à la mort de Shu, leur adorable garçon de cinq ans. En parallèle, Takashi Murakami nous emmène sur les pas d'Hideo, beau-père de Naoki, qui garde en son cœur un terrible secret que la maladie d'Alzheimer vient peu à peu ronger.
Deux histoires, deux ailes pour s'envoler vers une ode à la reconstruction touchante, empreinte de sensibilité, qui met la vie en relief en célébrant le courage face à la maladie, le lâcher-prise face à la séparation, la chaleur de l'entraide générationnelle face aux établissements aseptisés. Car la force de L'Oiseau bleu réside aussi dans la critique sous-jacente qu'il esquisse à l'encontre des politiques publiques de santé relatives aux affections neurologiques, à travers le sort réservé par la société japonaise aux personnes atteintes du syndrome d'éveil non-répondant et de la maladie d'Alzheimer. Ce manga est également particulièrement appréciable en ce qu'il met à l'honneur leur entourage ; les portraits de femmes battantes en miroir de destins d'hommes désaxés font de L'Oiseau bleu un symbole de force tranquille que vous ne serez pas prêt d'oublier.