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Mémoires de deux jeunes mariées - Honoré de Balzac


Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, je pense qu'on peut être attaché aux bons vieux livres en papier (ceux au creux desquels on aime plonger son nez pour humer leurs odeurs si particulières -) tout en étant adepte des nouvelles technologies. A ce propos, je vous conseille vivement de lire l'interview de Margaret Atwood dans le numéro 5 du magazine America, dont est extraite cette citation :

"L'Internet est un outil humain comme tous les autres - haches, fusils, trains, vélos, voitures, téléphones, radios, films, tout ce que vous voudrez - et, comme n'importe quel outil humain, il a un bon côté, un mauvais côté, et un côté stupide qui produit des effets auxquels on ne s'attendait pas au départ [...] Les histoires peuvent elles aussi avoir un bon côté, un mauvais côté, et un troisième côté qui produit des effets inattendus."

Concentrons-nous donc sur le côté positif d'Internet pour les lecteurs que nous sommes (si vous avez atterri sur ce blog, permettez-moi de nous mettre, vous et moi, dans le même sac) : plusieurs plateformes telles que Babelio ou Livraddict (des sites sur lesquels vous pouvez partager vos avis et discuter avec d'autres lecteurs·rices) permettent de faire des "rencontres" très sympathiques. Pour ma part, j'ai eu la chance d'être contactée sur Livraddict par Lotte, la talentueuse gardienne du blog Potes en papier (allez y faire un tour, le clic en vaut la peine !). Grâce à notre agréable correspondance en ligne et ses conseils avisés, j'ai osé attraper fébrilement entre mes mains un livre d'un auteur dont la renommée m'effrayait beaucoup, Môsieur Honoré de Balzac.

Fourrant au placard ma peur d'un style inaccessible, je me suis donc plongée dans les Mémoires de deux jeunes mariées, roman épistolaire mettant en scène deux jeunes femmes du XIXème siècle, qui rejoignent le monde séculier après avoir passé plusieurs années dans le même couvent.

"Nous avons tant rêvé de compagnie, tant de fois déployé nos ailes et tant vécu en commun, que je crois nos âmes soudées l'une à l'autre."

D'un côté, au cœur de Paris, Louise, coquette et orgueilleuse, espiègle et séductrice. De l'autre, en Province, Renée, sage et raisonnable, placide et dévouée. Les deux amies sont à la recherche d'un but apparemment commun : l'amour, dont elles ont tant rêvé pendant leurs années au couvent. Deux femmes, deux destinées, et une surprenante correspondance sur les configurations de l'union amoureuse. S'affrontent dans de tendres échanges deux visions du mariage : si Louise ne vibre que par la passion dévorante, Renée ne jure que par le dévouement paisible à la famille, socle de la société. Naissance du sentiment amoureux chez l'une, résignation tranquille chez l'autre, on se délecte vite de leurs confidences qui oscillent entre bienveillance et concurrence.

Même si j'ai parfois buté sur les tournures de quelques phrases, la plume de Balzac m'a charmée : les paragraphes ciselés font de certains passages de la véritable dentelle littéraire. J'ai même pris un certain plaisir à voir le récit ponctué de verbes conjugués à l'imparfait de subjonctif (si, si !) et d'interpellations d'antan telles que "ma mignonne" ! Et bien que la position apparemment défendue par l'auteur vogue bien loin de mes convictions féministes (la promotion de la monarchie et de la famille patriarcale : très peu pour moi, ne vous en déplaise cher Honoré), je lui reconnais bien du talent à s'immiscer de manière extrêmement crédible dans la peau de jeunes femmes arpentant les règnes méconnus de Charles X et de Louis-Philippe (la description du bonheur d'allaiter est épatante !).

Quand une correspondance entre blogueuses peut mener à une correspondance romanesque aussi jouissive, qu'on se le dise, l'épistolaire a de beaux jours devant lui !

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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