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Réparer les vivants - Maylis de Kerangal


C'est l'histoire d'une transplantation cardiaque. Ou plutôt, c'est l'histoire de morceaux de vie et d'éclats de mort qui s'agrègent et se désagrègent, cahotés entre passé, présent et futur. En fait, non, ce sont les histoires de Simon, Marianne, Sean, Pierre, Thomas, Juliette, Cordélia, Claire, et tant d'autres dont les destinées sont inextricablement imbriquées. Bref, vous m'aurez comprise, difficile de vous livrer un synopsis fidèle au déroulement de l'intrigue de ce roman, rythmée par le battement de plusieurs cœurs, et en particulier de l'un d'eux amené à quitter un corps pour être transplanté dans un autre.

En l'espace de vingt-quatre heures savamment orchestrées par l'auteur, on est ainsi catapulté entre de multiples fragments de vie, ballotté d'intimités en for intérieurs. Et si ce tourbillon de vies devient vite addictif, je l'ai malheureusement trouvé parfois quelque peu cacophonique, détériorant l'émotion à laquelle je m'attendais et dont je n'ai pas réussi à être pleinement envahie. Sonnée par les accumulations d'épithètes, de phrases sans verbes, et de références que je ne saisissais pas toujours, j'ai eu la désagréable sensation d'être passée à côté de ce livre dont j'avais tant entendu parler.

En le reposant après une lecture pourtant haletante, j'ai tenté de m'interroger sur les raisons de ce désappointement, car ce livre réunit de nombreux ingrédients adroitement accumulés : un fil directeur bouleversant et digne d'intérêt, une matière humaine élégamment pétrie, et une maîtrise du rythme - oscillant entre urgence du présent et douceur du passé - très réussie.

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais personnellement, il m'arrive parfois malgré moi de rapprocher deux œuvres, et que l'une se détache de l'autre par effet de comparaison. Et dès les premières pages de Réparer les vivants, je me suis instinctivement replongée dans la forte émotion du film Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar, qui m'avait énormément touchée et dont l'histoire est similaire. Je pense que le fait d'avoir attendu presque avec nostalgie ce degré d'émotion sans le retrouver m'a perturbée.

Il n'empêche que Réparer les vivants reste un beau roman qui interroge avec justesse le rapport aux autres, au corps, à la sacralité que l'on peut lui conférer, à la vie et à la mort. Une déception personnelle qui s'est faite à contrecœur.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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