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L'Espionne - Paulo Coelho


"Je suis une femme qui s'est trompée d'époque et rien ne pourra corriger cela. Je ne sais pas si l'avenir se souviendra de moi, mais si c'est le cas, que l'on ne me voie jamais comme une victime, mais comme quelqu'un qui a vécu avec courage et n'a pas eu peur de payer le prix fort."

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, en ce qui me concerne, je ne connais(sais) pas grand chose de la vie de Mata Hari. Au jeu des étiquettes sur le front (vous savez, quand on vous scotche le nom d'un personnage sur la face et que vous devez poser des questions pour deviner qui vous êtes), c'est vraiment la tuile si on vous colle "Mata Hari". A part le fait que c'était une espionne, que sait-on au fond de cette femme ?

Si vous êtes curieux·se, j'ai la solution : le court roman L'Espionne. En 200 pages, Paulo Coelho (qui a enchanté la vie de bien des lecteurs·rices avec L'Alchimiste - en faites-vous partie ?) arpente la vie originale de cette danseuse hollandaise éprise de liberté et dotée d'une sérieuse propension au mensonge. L'accroche est originale : après la description de son exécution, on découvre une lettre fictive de Mata Hari à son avocat, dans laquelle elle expose les grandes lignes de sa carrière. L'honnêteté dont elle fait preuve sur ses traits de caractère surprend, tout comme son envie démesurée d'admiration et de vêtements à la mode. La période dans laquelle se déroule une majeure partie de sa vie ne manque pas d'intérêt : de l'exposition universelle à la première guerre mondiale, Paris est célébrée comme capitale de la liberté.

"L'Angleterre avait son empire où le soleil ne se couche jamais, mais demandez à quelqu'un s'il préférerait connaître Londres ou Paris. N'ayez aucun doute sur la réponse. Ce serait la ville traversée par la Seine, avec ses cathédrales, ses boutiques, ses théâtres, ses peintres, ses musiciens et -pour les plus audacieux - ses cabarets, célèbres dans le monde entier, comme les Folies-Bergère, le Moulin-Rouge, le Lido."

La réussite de ce roman tient surtout selon moi à sa capacité à dépeindre Mata Hari comme une femme marquée par la violence masculine : victime des désirs des hommes depuis sa jeunesse, elle lie sa réussite à son statut de fantasme et d'objet sexuel, dont elle fait paradoxalement dépendre sa liberté, en attirant les regards par l'érotisme de ses spectacles. Quitte à se faire prendre au jeu des confidences de ses amants et du maniement de leurs secrets politiques qui la dépassent... Une Marilyn Monroe avant l'heure.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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