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Nos étoiles contraires, John Green


Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais j'ai généralement une pulsion réfrénée en ce qui concerne la littérature "Young Adult". Un peu comme quand ça vous démange lorsque vous passez à côté d'un accident : vous n'avez pas envie de regarder parce que c'est contre votre éthique, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de zieuter la scène. Ou un peu comme quand vous croisez une star et que vous n'osez pas aller la voir pour lui dire que vous adorez ce qu'elle fait, parce que vous vous dites que c'est trop cliché (Zazie, si tu me lis, sache que je regretterai toute ma vie de ne pas t'avoir parlé lorsque nos pas nous ont toutes deux menées sur un même trottoir près du métro Opéra à Paris). Bref, une sorte de stérile et sempiternel "J'y vais ? J'y vais pas ?" à l'encontre de ce genre de livre que seule la participation à une lecture commune fixée avec d'autres lectrices pouvait définitivement briser.

Et je n'ai pas regretté d'avoir sauté le pas avec Nos étoiles contraires, de John Green. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance : avec une histoire aussi joyeuse que la liste de Schindler (une jeune américaine cancéreuse qui rencontre un charmant jeune homme en rémission), mon sonar à pathos et compassion à outrance était en alerte maximum, et je craignais que ce roman soit aussi convaincant que la mort de Marion Cotillard dans Batman.

Mais non ! Nos étoiles contraires est une réussite. J'ai lu ce livre comme on peut avoir un trémolo dans la voix lors d'une oraison funèbre : on a toujours envie d'aller de l'avant mais on se fait happer par une gamme d'émotions toutes plus fortes les unes que les autres.

"Je crois qu'on peut choisir dans la vie comment on a envie de raconter une histoire triste, et Augustus et moi avons choisi la manière drôle."

Alors bien sûr, ça sent parfois l'eau précieuse, les converses bien lacées et les mots doux glissés pendant les intercours - vous voyez, tous ces plaisirs d'adolescents qui vous font grésiller de plaisir nostalgique et de honte à la fois ? Mais comme dirait un grand philosophe du nom de Laurent Voulzy, on a tous dans le cœur une petite fille oubliée, une jupe plissée queue d'cheval à la sortie du lycée. Et quand une histoire de jeunes adultes est narrée avec la grâce légère de la plume de John Green, on aurait tort de s'en priver. L'impertinence adolescente et la gravité de la maladie se transforment en deux étoiles contraires qui font prodigieusement crépiter un cœur de lecteur·rice. On en regrette presque la rapidité à laquelle ce petit roman peut traverser nos vies, tant il se lit vite. Une étoile filante en somme.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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