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Mindhunter, John Douglas & Mark Olshaker


"Nous sommes tous vulnérables. Peu importe l'étendue de votre expérience et de vos connaissances et peu importe le nombre d'interrogatoires que vous avez menés : vous êtes vulnérable. Même si vous avez compris la technique. Nous pouvons tous nous faire avoir. Il suffit pour cela que notre interlocuteur trouve notre point sensible et qu'il intervienne au bon moment."

Si vous êtes abonné·e à la plateforme de films et de séries télévisées Netflix, vous avez sûrement déjà entendu parler de Mindhunter, qui est une série adaptée du livre que je suis sur le point de vous présenter. Si vous n'êtes pas abonné·e à Netflix mais que vous avez vu Le Silence des Agneaux, vous avez approché sans le savoir la personnalité de l'auteur de Mindhunter. Et si vous n'avez ni abonnement à Netflix, ni vu le film aux cinq oscars précité, ce n'est pas bien grave, un bon livre, c'est fait aussi pour cela : découvrir quelque chose que l'on ne connaît pas.

D'ailleurs, John Douglas fait honneur au début de son ouvrage aux grandes références littéraires : Sherlock Holmes, le chevalier Auguste Dupin créé par Edgar Allan Poe, La Dame en blanc de Wilkie Collins ... l'analyse des profils, thème central de Mindhunter, a d'abord été une technique imaginée en littérature. L'auteur s'inscrit en quelque sorte dans cette longue lignée : vingt-cinq ans passés au FBI lui ont permis d'être considéré comme une légende vivante, le premier profileur de tueurs en série qui a inspiré le personnage de Jack Crawford dans Le Silence des Agneaux.

John Douglas apporte un éclairage très intéressant sur le fonctionnement du FBI (Federal Bureau of Investigation), en déconstruisant nos idées reçues (sur les relations FBI/police locale par exemple), en expliquant l'évolution de ce service depuis la mort de J. Edgar Hoover (il a fallu attendre les années 80 pour que les femmes puissent intégrer le FBI !), et en démystifiant les agents du FBI et leurs célèbres costumes en noir et blanc. L'auteur partage ainsi quelques anecdotes croustillantes :

"Quelle que soit la profession que vous exercez, c'est en allant sur le terrain que vous prenez conscience de toutes les choses, petites et grandes, que l'on ne vous a pas enseignées à l'école ou pendant votre formation. Par exemple, que faire de votre arme dans certaines situations, comme lorsque vous utilisez les toilettes publiques ? Est-ce que vous l'accrochez au porte-manteau ? Pendant un moment, j'ai essayé de la poser sur mes genoux mais cela me mettait mal à l'aise."

Il insiste d'ailleurs sur l'importance de l'humour dans son métier :

"S'il y avait de l'humour dans une situation, Joe et moi le trouvions rapidement. C'était nécessaire à notre survie. Quand vous passez votre temps à voir des cadavres, en particulier quand il s'agit d'enfants, quand vous avez parlé à des centaines puis à des milliers de victimes et à leur famille, quand vous avez vu ce que certains humains arrivent à infliger à d'autres, mieux vaut pour vous que vous soyez capable de rire de choses insignifiantes. Sinon, vous risquez de devenir fou."

Vous l'aurez compris via cet extrait, mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour lire Mindhunter, car John Douglas expose une multitude d'affaires qu'il a dû résoudre en se glissant dans l'esprit de tueurs en série, en mettant en lumière pour chaque cas un point particulier (la différence entre mode opératoire et signature, l'évolution de la prise en considération de la couleur de peau de la victime et de l'auteur, l'importance de la relation aux journalistes, etc.). Et ça, c'est autant stimulant intellectuellement parlant que terriblement passionnant.

Comment déduire un profil de tueur par les détails d'une scène de crime ? Naît-on criminel ou le devient-on ? John Douglas essaye de répondre avec humilité à ces questions, au regard de ses rencontres (il est allé interroger en prison plusieurs criminels, dont certains malheureusement très célèbres tels que Charles Manson), et de ses expériences professionnelles. Un témoignage glaçant et captivant.

"J'ai souvent dit à mes collaborateurs que nous devrions être comme Lucky Luke, qui entre dans la ville, aide à rendre la justice, puis repart tranquillement sur son cheval."

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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