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Banana Girl, Kei Lam


Il y a quelques temps, je vous avouais mon faible pour les récits autobiographiques en BD dans une chronique sur Ce n'est pas toi que j'attendais, de Fabien Toulmé. Je continue la série des romans graphiques coups de cœur avec Banana Girl de Kei Lam, "jaune à l'extérieur, blanche à l'intérieur".

Croyez-moi, si pour vous le mois de décembre est synonyme d'émerveillement devant les couleurs et les décorations de Noël, profitez de cette période pour découvrir ce magnifique livre, vous allez en prendre plein les mirettes : il est truffé de magnifiques dessins en couleur mais également de planches en noir et blanc qui ne sont pas sans rappeler l'esthétisme de Persépolis de Marjane Satrapi, que j'affectionne beaucoup. Ce roman graphique ressemble tantôt à un carnet de voyages, tantôt à un journal intime, un album photos, voire même parfois un livre de cuisine ... bref, c'est comme le plaisir d'un calendrier de l'avent : à chaque page, une découverte !

Dans sa hotte pleine de tendresse et d'humour, Kei Lam a également fourré moult informations et réflexions passionnantes sur les cultures chinoises et françaises dans lesquelles elle a grandi et qui forment le cœur de son roman graphique. Difficile par exemple de ne pas sourire quand elle explique que pour dire "bonjour" en français, vous n'avez qu'à dire "stupide cochon" en chinois ("bèn zhū"), ou quand elle fait adroitement remarquer que, pour représenter des yeux bridés, les mangakas japonais font des yeux démesurément grands, à l'inverse des dessinateurs belges qui les font carrément fermés (coucou Chen, coucou Tchang !).

On déambule avec plaisir entre ses premiers souvenirs d'enfance à Hong Kong et ceux de son arrivée à Paris : sa découverte du fromage, des soirées pyjamas, du goûter - ce "nom pour ce moment de pause entre le déjeuner et le dîner", de la politique ("J'étais très surprise de voir mes camarades de classe se mettre à pleurer lorsqu'ils ont appris la mort de François Mitterrand."). Et puis, il y a les entre-deux, qu'elle partage avec le lecteur avec beaucoup de douceur et d'honnêteté, comme par exemple, le fait qu'elle maîtrise mieux le français que ses parents, mais moins le mandarin que certains français ("Je me sens coupable quand je rencontre un Français maîtrisant parfaitement le mandarin. Un mélange de honte et de jalousie."). Et, cerise sur le gâteau, si vous aimez Paris, vous vous régalerez de la mise en dessin de certains éléments : le détail de ses toits, le parvis de Beaubourg, le lac Daumesnil ... une belle promenade graphique ! Beau partage d'un cheminement intérieur également, Kei Lam dévoilant petit à petit que ce livre a été un prétexte pour pouvoir interroger ses parents sur leur vie d'avant en Chine.

Bref, plus de doute sur le livre que vous pouvez ajouter dans votre liste au père Noël !

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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