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En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut


"Quand la réalité est banale et triste, inventez-moi une belle histoire". Bien que cette phrase sorte de la bouche de l'un des personnages créés par Olivier Bourdeaut, auteur du roman En attendant Bojangles, on imagine que cette requête aurait tout aussi bien pu lui être adressée par l'un de ses lecteurs, un peu à la manière du petit prince : "S'il vous plaît, dessine-moi un mouton". Loin de tout considération ovine, En attendant Bojangles raconte l'histoire d'une famille extravagante, bigarrée, délurée, composée d'un enfant et de ses parents qui aiment tourbillonner chez eux au son d'une musique qui tourne en boucle : Mister Bojangles, de Nina Simone (que je vous mets en lien ci-dessous, vous n'avez plus qu'à cliquer sur la vignette correspondante pour l'écouter ; avec la version de Robbie Williams en prime !). Petit instant culture gé : la chanson originale a été écrite par un musicien country, Jerry Jeff Walker, en 1968, et a été reprise par de très nombreux artistes : Elton John, Cat Stevens, Neil Diamond, Bob Dylan, Whitney Houston. Bref, vous avez l'embarras du choix quant à la version à écouter. Même Homer Simpson la fredonne dans l'un des épisodes de la série américaine culte The Simpsons (et comme je suis une blogueuse sympa, je vous ai mis le lien vers l'extrait, cliquez sur la vignette correspondante en bas de l'article pour le visualiser !) !

" Sur la commode du salon, devant un immense cliché noir et blanc de Maman sautant dans une piscine en tenue de soirée, se trouvait un beau et vieux tourne-disque qui avait le droit de tourner sur l'appareil, et la même chanson : "Mister Bojangles" [...]. Cette musique était vraiment folle, elle était triste et gaie en même temps, et elle mettait ma mère dans le même état. Elle durait longtemps mais s'arrêtait toujours trop vite et ma mère s'écriait :"Remettons Bojangles !" en tapant vivement dans ses mains."

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, l'une des lectures qui m'a été imposée au lycée qui m'a beaucoup marquée est sans conteste L’Écume des Jours de Boris Vian (pas très original me direz-vous, mais au moins celle-là je l'ai parfaitement digérée contrairement à Germinal et Le Rouge et le Noir qui me sont un peu restés en travers de la gorge. Pas vous ?). J'ai retrouvé dans En attendant Bojangles les ingrédients qui faisaient toute la magie de la découverte de L’Écume des Jours, en particulier des inventions proches des mots-valises de Boris Vian (le pianocktail et le Biglemoi, ça vous rappelle des souvenirs ?) : le "gym tonic", ce sport qui consiste à s'arrêter de temps en temps pour boire son gin tonic, ou encore le "chiffre-tease" : "Afin de m'instruire, mes parents ne manquaient pas d'idées. Pour les mathématiques, ils me déguisaient avec des bracelets, des colliers, des bagues, qu'ils me faisaient compter pour les additions, et après ils me faisaient tout enlever jusqu'au caleçon pour les soustractions. Ils appelaient ça "le chiffre-tease", c'était d'un tordant.".

Et comme L'Ecume des Jours, sous des apparences de douce folie, et dans une atmosphère jazz, l'auteur nous aiguille en réalité vers des sujets bien plus profonds, où l'amour tutoie la maladie, et ce, à travers un tendre récit déroulé du point de vue d'un enfant, soigneusement croisé avec des extraits du carnet secret de son père.

Une fabuleuse danse cadencée par des mensonges "à l'endroit et à l'envers", et rythmée par de touchantes perceptions de la réalité. Un premier roman follement réussi.

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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