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Vous connaissez peut-être, Joann Sfar


Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, en ce qui me concerne, à chaque fois que je lis une BD ou un roman de Joann Sfar, le papa du célèbre chat du rabbin, j'ai l'impression de retrouver un bon copain. Celui qui, peu importe que tu l'aies vu la veille ou il y a cinq ans, te subjugue par ses talents de conteur et t'embarque momentanément dans sa vie, dont chaque tranche décrite est une lamelle d'humour teintée de tendresse brute. Pas besoin de lui demander comment vont les amis, les amours et la famille, il enchaîne tous ces sujets, et ce, de manière croustillante. Vous voilà prévenu·e : je suis une grande fan de ce monsieur.

Dès que j'ai appris que la suite de Comment tu parles de ton père était sortie, je me suis précipitée dessus, un peu comme mon chien quand on lui donne un morceau de poulet. D'ailleurs, Vous connaissez peut-être cause de canidés, en particulier de l'adoption délicate d'un bull terrier "chaticide" (ce qui est gênant quand on est le papa du chat du rabbin). Mais pas que. Ça parle aussi de sushis, d'œuvres de science-fiction, d'escargots, d'Israël, de bite (oui, disons-le aussi crûment que l'auteur ; lecteurs pudibonds, s'abstenir), et de l'état islamique. Et enfin, de Lili. Cette drôle de fille que Facebook suggère au narrateur d'ajouter comme "amie", via la formule consacrée sur ce réseau social, "Vous connaissez peut-être". Qui se cache derrière ce profil aguicheur ? C'est l'une des histoires qui vous est contée dans ce livre.

Que vous soyez team toutous ou team minous, ce roman se boit comme du petit lait. On virevolte entre moult anecdotes malicieuses et réflexions sagaces, par exemple sur notre dépendance aux écrans en tout genre, sur la culpabilité de se sentir insignifiant face aux conflits et aux désastres mondiaux ("Brassens aussi avait répondu, ironiquement, à ceux qui lui disaient : "Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle.". Brassens avait rétorqué :"Elle brûle tout le temps.". Je suis de cette école"), sur le rapport de l'homme à l'animal ("On peut oublier l'idée d'un rapport de domination car nous ne sommes pas des chefs de meute. Le truc c'est juste de leur apprendre à ne pas faire ce qui vous ennuie, et vous, apprenez à faire ce qui les rend heureux."). Tout ceci en suivant une drôle d'enquête sur cette intrigante Lili.

Au final, cette joyeuse pagaille gravite autour de "l'incapacité à faire coïncider le monde avec la représentation qu'on en veut". Si certains romans font faire un bond dans le temps, celui-ci donne l'impression d'un saut à pieds joints dans le présent, il pétille comme une BD (d'ailleurs, cet univers n'est jamais loin. Voyez par vous-même lorsque, par exemple, l'auteur évoque le son des chiots qui tètent leur mère : "Je jure que le bruit est identique à celui des piranhas du Marsupilami. Répondez-moi que les poissons carnivores des bandes dessinées de Franquin ne font pas de bruit et ça sera la preuve que vous manquez cruellement d'imagination"). Bref, pour tou·te·s les mordu·e·s de Joann Sfar, ce petit concentré de moelleuses cocasseries optimistes vaut le détour, nom d'un chien !

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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