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Le Journal de mon père, Jirô Taniguchi


Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, en ce qui me concerne, je n'ai jamais été très attirée par l'univers manga et plus globalement par ce qui touche au dessin japonais. Sûrement les conséquences d'un biberonnage aux Tintin, Astérix et Lucky Luke avant mes dix printemps. Sûrement la faute aussi à ce que j'appelle le "traumatisme Princesse Mononoké" : j'ai vu ce film d'animation japonais assez jeune, et j'en garde le souvenir épouvantable d'une histoire violente de loups bouffés par des vers (miam). Depuis, je n'ai jamais vu d'autres films d'Hayao Miyazaki (shame on me), mais je suis preneuse de tout bon conseil en la matière. Bref, allez savoir, j'ai toujours trouvé les traits des dessins nippons assez durs, peu attirants et dépourvus d'émotion (Ne me jetez pas la pierre, Pierre, j'essaie d'y remédier !).

C'était sans compter les recommandations d'une voisine qui a eu l'excellente idée de me prêter des livres de Jirô Taniguchi, dessinateur et auteur japonais (soit un mangaka, c'est-à-dire un auteur de bande dessinée japonaise) décédé cette année. Et là, miracle. Moi qui restait de glace face à l'émerveillement de mes ami·e·s devant une peluche de Totoro et les collections de mangas qui tapissent les bibliothèques, voilà que la banquise se craquelait enfin.

Car les traits sont fins, doux et vous plongent dans une paisible mélancolie. Après Quartier lointain, un autre manga de Monsieur Taniguchi, j'ai dévoré Le Journal de mon père, qui raconte le retour de Yoichi dans sa ville natale pour les funérailles de son père, qu'il n'avait pas revu depuis plus de quinze ans. Lors de la veillée funèbre, il explore ses souvenirs d'enfants qu'il confronte à la réalité grâce au témoignage de membres de sa famille.

Je ne vais pas vous le cacher, j'ai toujours été très touchée pas les auteurs qui s'interrogent sur le lien avec le père (la Lettre au père de Kafka a été une grande claque de mon adolescence), et Jirô Taniguchi le fait avec talent. Le personnage principal questionne son passé et notamment la figure du père, cet étranger dont on fait tout pour s'éloigner et dont on voudrait pourtant être si proche, dont l'ombre guide parfois bien malgré nous nos choix. Une fois adulte, l'enfance peut apparaître comme une photo floue dont on percevrait encore les couleurs, mais plus les contours, que nos aînés nous aident à redessiner. Le Journal de mon père est un magnifique voyage vers les racines familiales et la nostalgie de l'enfance. Amateurs ou non de mangas, foncez !

Et pour rester dans la même ambiance, ou presque... (Cliquez donc !)

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